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La vie rousse
10 novembre 2014

Tout un Novembre autour du cou

 

Novembre

En enfilant la grosse écharpe des derniers recours, j’en veux un peu au mois de novembre de ne pas avoir cherché à nous surprendre cette année. Je regrette de ne pas avoir su prendre en photo la belle lumière qui, il y a quelques jours encore, a su rendre mon brun presque roux.

 

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Je retrouve dans un carnet une impression de cette saison, datant sans doute de l’an dernier :
C’est en automne que le soleil se montre le plus doux, délesté des orages et de la moiteur estivale. On chérit enfin la chaleur quand on sait le compte à rebours de l’hiver enclenché. On savoure d’avoir les bras nus pour, peut-être, la dernière fois de l’année. Ce soleil-là fait un honneur grandiose aux feuilles mortes qui s’amoncellent et jouent à nous déconcerter. Ce sont ces manifestations de l’été hors de l’été qui me plaisent le plus.

La jolie enveloppe verte reçue le tout premier mardi du mois, contient un poème où il est question de poissons. Je ne sais pas trop quelle interprétation donner à son écriture un peu plus penchée qu'avant, mais je sais clairement quelles interprétations sont exclues. Je décide d’en faire, ligne par ligne, la lecture la plus encourageante possible. J’accompagne le tout d’infusions magiques censées guérir de la tristesse, et je repense en souriant à la citation d’Henri Michaux qu’elle aimait tant :
« Ne désespérez jamais, faites infuser davantage ».

Novembre en musique

Pour se remettre d'un concert du Colin Currie Group sur des musiques de Steve Reich, je recommande un mahalepi avec beaucoup de pistache.
Avant cela, il peut être bon de décider que la soirée était trop intense pour supporter le métro. Le trajet jusque Gare du Nord se fera alors à pied, en passant près du Canal Saint-Martin où l'on décidera de ne pas s'arrêter. Vers Stalingrad, une discussion sur les mérites respectifs des AMAP et de La Ruche s’impose. Pour trouver définitivement une réponse à la question Peut-on aimer les adresses bobos sans culpabiliser, il faudrait néanmoins emprunter un itinéraire différent. 

J'ai repensé à une discussion avec le garçon-détestable-aux-tongs sur les impressifs japonais. Alors que j'aime autant les onomatopées que les périphrases, il ne jurait que par les langues construites qui permettent d'accorder un seul mot à chaque concept et réalité.
Nous avions alors évoqué un sentiment qui ne porte pas de nom en français: cette impression, lorsqu'on rêve, que le changement d'état d'un interlocuteur, d'un décor ou d'une temporalité, est tout à fait normal. La personne qui nous fait face n'est plus la même qu'auparavant, et ce glissement est doté d'une cohérence propre.
L'onirisme des vibraphones de Steve Reich m'a rappelé ce sentiment. Les déphasages rythmiques et changements de tonalité m'ont donné la même impression d'absurde satisfaisant. Chaque rupture, chaque canon modifié devenait évident aussitôt qu'il était joué.

Si les deux premiers morceaux pouvaient inciter à un état de rêverie et de quasi somnolence, l'intensité des soixante minutes que dure Drumming sollicitait tout le corps.
J'ai un peu oublié de respirer sous l'effet des bongos de la première partie. Le spectacle des percussionnistes s'apprêtant à surenchérir à tour de rôle m'a happée tout à fait. Je n'ai pas osé demander à T. si lui aussi ressentais la même précipitation que lors d'étreintes amoureuses trop urgentes.

Je retiendrai aussi l'incroyable écho dans la salle. A un moment j'ai cru entendre un brouhaha de voix dans le public mais tout le monde était parfaitement silencieux, la musique se réverbérait en ping-pong infini. Une résonnance extrême qui jouait son propre motif, sa propre rythmique, dans des crescendos quasiment insoutenables. Chaque fois j'ai cru qu'elle tomberait dans la cacophonie. J'ai - pour la première fois je crois - ressenti physiquement les vibrations des aigus qui engourdissent les tympans. Et chaque fois, la résonnance finissait par se trouver maîtrisée, changée, amoindrie, dans une nouvelle continuité en transformation.

Novembre en dessins et histoires

Dans une bibliothèque d'arrondissement minuscule, je pose Girls don't cry et Tonight sur mes genoux. A la question Est-ce que Nine Antico fait de la BD girly?, je décide que la réponse est non. Le ton badin ne suffit pas à gommer la savoureuse cruauté des personnages, l'atmosphère rétro du dessin (tout le monde s'accorde à dire que c'est une BD ultra-actuelle, mais les motifs employés m'évoquent une toute autre époque) et la conscience des autres oeuvres beaucoup plus rock de l'auteur. Je me laisse sans doute aussi un peu influencer en sachant que Nine Antico a illustré - très joliment - une intégrale des films de Rohmer.
Puis, je réalise que classer les oeuvres selon qu'elles sont girly ou non, c'est souscrire un peu au concept des trucs de gonzesses. Je décide de réduire le champ de mon snobisme pour ne bannir que les productions qui sont à la fois laides, bêtes et commerciales. Force est de constater que ces oeuvres-là s'adressent autant aux garçons qu'aux filles.

Un autre jour, dans une librairie bien moins cool que la caverne d’Ali-Baba où j’ai très hâte de faire un tour, j’allonge ma wishlist de Noël.
Dans les sorties récentes qui me font très envie, on trouve ça :

BDAutomne2014



Mais surtout, surtout, le ma-gni-fique Artbook « Paper Dolls » des Kerascoët. (Son prix et sa belle couverture cartonnée le rangent plutôt dans la catégorie beau cadeau que dans celle à-acheter-en-allant-se chercher-un-croissant). Il fait plus de trois cent pages et c’est un ravissement inépuisable pour les yeux. Le genre de livre qui donne envie de faire un tirage de chacune des pages pour en tapisser ses murs.

Paperdolls     Paperdolls2

 


Novembre où les hommes ont des cols de chemise bien repassés

Décidément il n'est pas possible d'accéder à la Cinémathèque sans s'offrir un moment bucolique préalable. Les couleurs résolument automnales du parc de Bercy occupèrent largement mon attente de la fille-aux-collants (que je soupçonne d'être aussi peu ponctuelle que C.). En face des statues de Rachid Khimoune, il y avait sous certains bancs, deux paires de bottes qui dépassaient enlacées.

Le samedi n'est évidemment pas le meilleur jour pour les expositions et j’ai rapidement abandonné la fille-aux-collants pour me réfugier dans un coin moins surpeuplé. En tombant sur une lettre de Truffaut à Alain Souchon que je n'avais pas lue la dernière fois (la faute à Trenet), j'ai repensé à la conversation que nous avions eue avec R. sur les chansons de Souchon. Je ne sais plus quelles étaient les chansons préférées d'elle et de P., mais je me souviens que ça en disait long sur elles. Pour ma part, les matinées à fredonner - avec un amour absolument égal - Sous les Jupes des Filles et L'Amour en Fuite sont toujours régulières.

 

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Dans le court-métrage final d’Axelle Ropert, je ne sais pas si Anne Azoulay était la plus truffaldienne des actrices contemporaines choisies, mais je l'ai trouvée particulièrement belle.

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Commentaires
A
Non, je désespère un peu aussi! (j'ai même écrit à l'IFI pour leur suggérer de le jouer!) mais effectivement j'ai l'impression que je vais devoir patienter jusqu'à mon retour en France pour le voir... (soupir)
A
La première photo a un petit air très Dolanien je trouve ;)<br /> <br /> Et toutes ces lectures me donnent envie de commencer une liste au Père Nôël pas très raisonnable, hum hum.. Merci!
K
Novembre...<br /> <br /> En ce moment, vu mon retrait de dents sagesse de ce matin,<br /> <br /> mon novembre a plutôt la couleur d'un mal de bouche,<br /> <br /> et de bouffe molle...<br /> <br /> Mais tous ces mots, toute cette musique, toutes ces images me donnent bien envie de le teinter d'un peu de la couleur que toi tu lui donnes...
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