On va cueillir des pâquerettes

Hier je ne tenais pas en place.
Le Renard appelait ces moments où il se sentait trop à l'étroit dans son corps au point d'étouffer, "avoir violence". Je suis contente que, depuis plusieurs mois déjà, ça ne lui arrive plus trop de suffoquer recroquevillé sans que j'arrive à l'apaiser.
Hier, c'est moi qui ai eu violence. Je souffrais beaucoup d'une nuit affreuse et d'une matinée à m'infliger la vérité à répétition, sans doute pour me punir.

Je crois que devant le miroir du couloir, je me suis sentie laide et triste. J'ai attaqué mes cheveux aux ciseaux à ongles, j'ai fini avec les ciseaux du bureau.
Arrivée à la moitié de ma crinière coriace, j'ai repris mes esprits et j'ai réalisé combien c'était une mauvaise idée. J'ai vainement essayé d'égaliser mais je crois que je ne vais pas échapper à quelques regards surpris demain. Heureusement mes cheveux sont bouclés (enfin ce n'est pas une sinécure...) ce qui amoindrit un peu ma nouvelle anarchie capillaire.
R. m'a gentiment assuré que ça ne se voyait pas et qu'un inconnu ne saurait pas que je m'étais coupé les cheveux seule et au hasard. Je me suis consolée en me disant qu'au moins je n'avais pas payé 40€ pour une coupe ratée comme ça m'arrive souvent.

Plus tard, j'ai eu la tête qui tournait un peu à cause d'un verre de vin blanc (je suis une newbie de l'alcool) et je me suis trouvée jolie dans le miroir d'un café.
J'ai regardé la vie un samedi soir au bord du canal Saint-Martin en écoutant d'une oreille distraite N., un garçon très bavard qui dessine.


En m'endormant avec R. en tête, j'ai craint de n'aimer que les filles et de ne jamais réussir à la remplacer.

(Nous avions collé deux moutons phosphorescents de chaque côté du lit. On s'amusait à les "recharger" avant de dormir. Avant, dans ce lit, je m'endormais avant même d'avoir eu le temps de les compter.)

Ma licence est validée. Pas brillament mais je me console en me disant que dans d'autres universités ma moyenne donne droit à une mention. Je sais aussi qu'à la rentrée je vais pouvoir travailler à ne plus jamais flancher et à faire de ce semestre un accident unique. 
Mon stage renforce mon envie de tenter le barreau l'an prochain et de continuer à avancer dans la voie que j'ai choisie. J'aime ce domaine où le travail est un jeu de piste et je ne comprends pas qu'on puisse trouver ça ennuyeux.
J'aime solliciter ma logique en permanence, chercher, interpréter, connecter et tenter de résoudre.
J'aime qu'on se retrouve à cinq dans un bureau à chercher le mot juste et qu'on mette une demi-journée à écrire un courrier d'une vingtaine de lignes pour trouver la formule parfaite qui, bien sûr, n'existe pas.
Je trouve un peu étranges les gens qui aiment le droit sans aimer les mots, mais je comprends qu'ils puissent y trouver beaucoup d'autres satisfactions.  

Je crois que ma génération a grandi avec deux impératifs assez difficiles à concilier: accéder au bonheur en s'épanouissant professionnellement et trouver du travail là où il y en a parce que c'est-la-crise-de-l'emploi.
Je suis assez chanceuse de potentiellement pouvoir prétendre aux deux un jour.
Je m'en veux de ne pas me satisfaire de ça. De ne pas juste être une ambitieuse carriériste et de vouloir vivre tout le reste.

Il y a quelques semaines, nous faisions chacune une liste de 101 choses à faire en 1000 jours. 
Je vais vous recopier la mienne au fur et à mesure et j'essaierai de penser aux retouches nécessaires pour ne pas me repaître de nostalgie.

Première dizaine:

1. Aller à la mer et oser mettre mes pieds dans l’eau.
2. Faire et déguster une tomate-mozza avec au moins 4 sortes de tomates et de la burrata.
3. Aller au cinéma en amoureuses, par un après-midi pluvieux.
4. Trouver une astuce pour lire confortablement dehors quand il fait beau.
5. Lire dehors quand il fait beau.
6. Faire une glace maison.
7. Tenter des seiches « comme à LO » à la maison.
8. S’endormir à trois avec le chat dans la petite chambre, se réveiller sans se soucier de l’heure et préparer un petit déjeuner comme dans les films.
9. Aller skier.
10. Faire un marathon d’auteurs classique, s’y tenir et apprécier.
    
    

Mise à jour:

     3. Aller au cinéma seule et en secret avec un bon plaid, à la séance du matin quand il pleut.
     8. Faire une vraie grasse matinée le dimanche et préparer un brunch gargantuesque la veille.

Comments

[Eve Away]

La n°2. avec quatre sortes de fromages, c'est très bien aussi... :) (testée hier pour vider le frigo et grandement appréciée !)



Qu'est-ce que tu vas voir en n°3 ? Je n'ai pas encore visionné Diabolo Menthe, mais cette image m'en donne vraiment envie. J'adore la mine boudeuse des filles !



Oh et as-tu déjà eu l'occasion de voir le film sur Vivian Maier dont tu parlais dans un précédent billet ? Il me tente beaucoup aussi, même si la bande annonce m'exaspère un peu (mais si on se fiait aux bandes annonces...)