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La vie rousse
18 juin 2014

Anyway on t'attend pas

Le mercredi

J'essaie de mettre les souvenirs dans une boîte. Les rares lettres, les cartes postales, les petits mots, les photos imprimées, les dessins, les bouts de papiers.
J'essaie de ne pas les regarder et puis parfois ça me démange, alors je relis et me maudis de gratter la croûte. J'ai tellement envie de passer à autre chose que parfois j'y crois, je me dis que c'est bon, tout est intégré, tout va rester dans cette boîte colorée Super Hero qui sent encore le thé.

Et puis à nouveau, dans la pièce d'à côté, la joie palpable, la tristesse, en alternance régulière. Je m'enveloppe de pansements pour que ça cicatrise plus vite, pour que ça ne me fasse rien. R. ferme la porte régulièrement et j'ai beau porter mon poids en pansements je sais ce que ça veut dire: il y a L'autre partout.

Le chat déteste quand la porte est fermée, il se jette contre elle et gratte furieusement. Ça me fait un peu du bien qu'il fasse ce que je rêve de faire. Bien sûr, pour Leopardus T. ça veut dire laisse moi libre accès à mes croquettes et à mon royaume. Pour moi ça veut dire ressaisis-toi, tu ne m'as pas quittée pour débuter une relation amoureuse plombée de souffrance dès le départ, ça veut dire je veux bien que tu me quittes mais alors il faut être heureux et ça n'a rien d'heureux ton histoire foireuse - tout ça pour ça. Bien sûr, il vaut mieux que ce soit le chat qui s'exprime.

Il y a certains souvenirs dont je ne sais pas quoi faire.
J'ai l'impression de mentir quand parfois je dis je alors qu'au fond je pense nous. J'ai l'impression de voler ces choses qui nous appartenaient à deux et que je présente comme miennes. Je ne peux pas non plus vivre comme si j'avais gâché les 4 dernières années de ma vie, les 4 premières années de ma vie d'adulte, à partager des choses sur lesquelles je n'aurais plus aucun droit.
Au fond de ma tête il y a toujours cette petite voix qui me dit "menteuse, si tu aimais vraiment ces choses tu les aurais découvertes par toi-même". Ta gueule la voix, c'est tout ce qu'il me reste, je ne peux pas tout mettre dans la boîte colorée, si?

Parfois j'ai envie d'aller dans sa chambre. De me lover un peu, d'offrir un peu de paix à mon corps, d'échanger un peu d'amour et de dire pouce, petite pause.
Je toque et avant même de toquer je sais que ça n'est pas possible. Parce que ça serait trop bizarre, parce qu'on ne câline pas - même chastement- une personne qu'on vient de quitter, surtout quand on ne pense qu'à une autre. Et puis, chaque fois que j'entre quand même son regard agacé qui m'assène une claque et me rappelle que je suis devenue encombrante.
Je m'interroge sur toute cette solitude que mon corps doit soudainement supporter et la nuit dans le lit trop grand je serre des couvertures contre moi.
J'essaie de penser à moi parce que maintenant le soir il n'y a personne dont j'occupe l'esprit. Je ne suis que dans une seule tête à la fois et je ne sais pas comment on fait. Je n'écoute pas Manu Chao et je crois que c'est déjà bien.

 Le jeudi:

Aujourd'hui c'est n'importe quoi, n'importe comment.
Je suis défaillante à mon second oral. L'oral de la matière dans laquelle je veux me spécialiser et qui était donc relativement essentiel pour mon avenir. Je ne pourrai sans doute pas me rattraper, j'ai paradoxalement trop bien réussi le premier semestre pour avoir une seconde chance. 


Aujourd'hui il y a eu le sms du Renard qui disait "Tu me manques". Je suis allée le rejoindre dans son lit et il y a eu ces questions Est-ce que tu m'aimes encore? Est-ce que tu crois qu'on peut reconstruire?
La tête qui dit prudence et le coeur - trop tard- qu'est déjà au débrayage. 
Et puis les freins: les pleurs pour L'autre. Le manque de L'autre qui me ramène assurément à la réalité: R. ne m'aime plus, R. aime L'autre, si R. nous regrette c'est uniquement parce que R. voudrait ne plus souffrir pour L'autre. 

Vite, vite, je participe au pugilat et je donne des coups de pieds aux bouts d'espoir qui ont eu le malheur de ressurgir. 


J'espère que dans un an on s'écrira une lettre pour se dire qu'on est heureux. Ou au moins pour se dire qu'on sait où on en est et qu'on a pu choisir d'y être. 

 

 jpn

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