Ça - (What kind of bird are you)

Aujourd'hui j'ai cet examen avec plein de bouts de mariage, de PACS, d'enfants, de divorce, de concubinage, de famille composée, décomposée. 

Je n'y vais pas. Je ne peux pas. 
Je ne me vois pas expliquer ça à qui que ce soit tant c'est stupide. Bien sûr il n'y a pas que la rupture, il y a la fatigue, beaucoup trop de fatigue, et l'angoisse qui croît d'année en année, d'examen en examen et qui me coupe toute énergie pour me battre. 
Quand on est étudiant, on doit décréter ses arrêts de travail soi-même et assumer les conséquences au même titre que quelqu'un qui déciderait délibérément qu'il préfère faire autre chose que de travailler. Parfois je me demande s'il faut vraiment que je touche le fond pour repartir. 

Aujourd'hui il y a eu ce mot envoyé aux Soeurs Boulay (ou plus vraisemblablement au type  qui s'occupe des commandes chez bandcamp) au moment de payer l'album: "je crois que ça a de la gueule d'être album de rupture".

Je reste à la maison le plus possible, je ne veux pas qu'on y touche à cette maison, même si c'est dur le Renard à côté qui rit et pleure avec et pour L'autre. Parfois j'ai la tristesse trop forte, alors je la transforme en colère et j'espère qu'on puisse se réconcilier en partageant des tablettes de chocolat au lait. Je crois que j'ai besoin qu'on garde ça, cet appartement à la maison, cet endroit sûr même s'il y flotte une atmosphère bien moins rassurante qu'avant.
J'ai besoin de cet endroit où je suis certaine de ne pas me perdre, parce que partout ailleurs ahlala, je suis drôlement paumée.


Il y a ce garçon à qui j'ai dit timidement mais sans me sentir trop idiote que j'aimais quand, au théâtre, on semblait jouer de la poésie. Il y a ce même garçon qui m'a dit que, lui aussi, aime H.B parce qu'il écrit si bien les femmes. Est-ce que ça va être ça la vie maintenant? Oser dire à des garçons que je connais à peine les choses que je n'osais pas dire au Renard de ma vie?
Est-ce que c'est ça "ça collait pas" ? Quand on fait et dit des choses qu'on a pas faites et dites pendant 4 ans alors que ça paraît évident maintenant? (Ça me fait toujours bizarre de me dire que ça ne faisait que 4 ans. Je me demande si 4 ans ans où on vit ensemble, tout ça ensemble, ça ne compte pas un peu double quand même.)

Je suis drôlement paumée dans toute cette foule qui s'agite. Je ne savais pas qu'il  avait des filles franco-allemandes compositrices de musique contemporaine qui pouvaient finir leur premier message par "je passe pour un peu bizarre quand on sait combien j'ai de thé vert chez moi, je...", et je ne savais pas que je pourrais trouver que c'est une jolie façon de cultiver son mystère.
Je crois que je préférais quand l'amour me rendait aveugle et que je n'avais pas à trop me préoccuper du monde dehors. J'ai pointé mon nez et j'ai une irrépressible envie de refermer la porte et de me terrer chez moi avec ceux que je connais déjà.
Bien sûr, ça n'est pas une bonne idée non plus. Mais en ce moment les bonnes idées...


Il y a Ae. qui a pris le temps de foutre en l'air cette fichue règle des trois messages-une réponse, enfin. On a parlé enseignement et puis "le qu'en dira-ton, on s'en balance, aucune importance, ce qui compte c'est toi et tes projets". Je ne sais pas trop par où le prendre, mais je crois que c'est un bon plan d'attaque.