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La vie rousse
13 juin 2014

Jusqu'à perdre haleine

Quelques jours avant de m'annoncer qu'il me quittait "grâce à L'autre", le Renard m'a offert ce qui est sans doute le dernier livre de sa part.
J'aimais quand le Renard m'offrait des livres. Bien sûr maintenant c'est douloureux ces livres qui me rappellent tous ceux que j'aurais dû lire. Ca parmi tant d'autres choses qui toutes ensemble auraient peut-être changé la donne.
Ce livre c'est L'Exception d'Audur Ava Olafsdottir. Une femme est quittée par son mari assez subitement après 11 ans de mariage.
Je ne sais pas si inconsciemment le Renard voulait me prévenir en m'offrant ce livre, s'il savait déjà qu'une dizaine de jours plus tard, il ne pourrait plus envisager notre bonheur ensemble comme réalisable.

Ce livre je tiens à le lire. Parce que c'est le dernier, parce que j'aime cet auteur, et parce que - qui sait- lire les mêmes souffrances que celles que je ressens puis leur apaisement, ce pourrait être ma petite thérapie. 338 pages ça fait court comme thérapie, mais vu la vitesse à laquelle j'avance il n'est pas impossible que le rythme soit adéquat.

Il y a cette photo de nous sur mon portable, prise le 2 juin, il y a 10 jours. Comment c'est possible cette photo de nous il y a 10 jours? Est-ce que nos sourires mentent?
Il y a toutes ces chansons, remplacées en une semaine par une autre playlist qui tournera sans doute en boucle à la maison le temps que le Renard purge son propre chagrin de ne plus être avec L'autre. Il va falloir partager, ces passions qui étaient à nous, qui maintenant seront au Renard et que le Renard partagera avec L'autre, avec d'autres. Il y aura ces petits secrets qu'on ne sera plus que deux à savoir mais trois. Il y a ces petits secrets qui existent déjà avec L'autre et que je ne connais déjà pas.
Il y a toutes ces choses si nombreuses qui malgré tout leur nombre, ne pèsent pas assez lourd dans la balance. Comment j'ai pu laisser toutes ces choses encore plus nombreuses la faire pencher à mon détriment?

 

 

Je ne savais pas quoi faire de moi-même. Ma peine ne sait que s'occuper d'elle-même et mon corps comme L. Tigrinus sont à l'abandon. J'ai fait comme le Renard aurait fait, comme le Renard a fait. J'ai pris un train le soir et j'ai regardé le paysage défiler en me demandant ce que j'allais bien pouvoir faire pour m'occuper d'ici là. D'ici le jour rêvé du "ça passera", du "tu t'y feras". P. m'a écrit qu'arrive un jour "où tout va vraiment mieux, et où se rend compte qu'on n'a jamais été aussi heureuse". Elle a oublié d'indiquer la date.
J'ai pris un billet aller sans trop savoir ce que j'allais faire d'autre que déplacer mon corps de cet appartement trop vide de R. Je regrette déjà de ne pas pouvoir être là à son retour, je fais mon possible pour ne pas envoyer de message, pour ne pas appeler, pour ne pas me rappeler chaque seconde de son existence si loin de moi maintenant et ne pas l'encombrer de la mienne.

Il y a cette tâche immense qui m'est assignée: m'en remettre, être heureuse, me trouver. Rien que ça.
A mon retour je devrai être adulte, capable de prendre sur moi, de ne pas gémir quand on partagera les affaires, de ne pas m'affaler quand on triera les livres, de ne pas supplier, pleurer, hurler. A mon retour ce sera toujours le cauchemar, ce cauchemar immense auquel je n'arrive pas à croire. J'attends qu'on me pince, mais il n'y a que moi pour qui c'est un cauchemar, pour tous les autres c'est la vie et "tu verras, ça passe".

Prendre un train je peux, prendre sur moi j'apprendrai, être heureuse il faut bien, me trouver c'est urgent, en aimer d'autres peut-être. Mais cesser d'espérer que dans 6 mois, 6 ans, 10 ans, on s'aimera à nouveau, ça je crois que je ne peux pas (oui, oui je ne suis pas sourde, j'ai bien entendu "tu t'en remettras").
J'espère qu'il m'emmène au bon endroit ce train.

 

Bonus:

Alors que L. prenait de mes nouvelles, je l'informais de mon départ:
- Mais tu pars hors de Paris?
- Oui.
- C'est une bonne chose, peut-être que tu verras un poulet
- Euh, oui... peut-être. Je n'y avais pas pensé
- Je pense fort à toi. Repose-toi bien. Et si tu vois un poulet, photo!

Ça m'a fait rire.

poule
(J'ai bien fait d'emmener ma tablette pour m'occuper)

 

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