Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La vie rousse
29 décembre 2014

Voleur d'amphores au fond des criques

 

Le matin je me suis levée tôt et j'ai été heureuse de sentir la différence de température sur mes joues en rentrant du froid. J'ai chassé les cauchemars en passant vers la boulangerie. Pas la boulangerie de secours où le pain devient immangeable dès le soir, mais la boulangerie colorée où le feuilletage des pains au chocolat est parfait et où il ne reste, malheureusement, jamais des viennoiseries à la cannelle.

Le matin j'ai collé une vignette postale pour la dernière fois de l'année. Ça m'a rendu un peu triste. J'ai passé en revue mentalement les ingrédients nécessaires au risotto aux champignons et au pesto d'Ann ie. En faisant les courses j'ai été absorbée par la discussion entre deux garçons de quatre ans environ. Ils étaient assis entre la farine et le miel, pendant que le père de l'un d'eux hésitait longuement quant à la confiture à glisser dans son panier (la groseille voyons!).
Les deux garçons partageaient un petit sachet de bonbons et, entre deux mâchonnements, conversaient avec un air incroyablement sérieux à propos de leurs emplois du temps respectifs. Celui qui avait des dents adorables expliquait qu'il était pris par son foot le mercredi ("Deux heures je crois, en tout cas c'est après le manger! Hein papa?") ce qui rendait impossible l'invitation du petit-brun-à-fossettes à venir jouer chez lui le même jour.
Ils étaient si mignons que j'ai oublié d'acheter les pistaches pour le pesto, et les artichauts marinés.

Devant Gibert je me suis dit que l'année à venir allait forcément me réserver un tas de surprises. Quand on est optimiste, on s'attend toujours à ce qu'il  y ait des surprises.
On les attend avec impatience, et quand elles n'arrivent pas on les provoque.



J'ai provoqué beaucoup trop tôt. La faute à l'enthousiasme inspiré par la perspective d'une nouvelle année.
Je m'attendais vraiment à une bonne surprise.

Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'elle me surprenne dans la surprise.
Je ne m'attendais pas non plus à ce qu'elle cesse d'être versatile, comme ça, pour rien, un 29 décembre. Pour la beauté de la neige ardéchoise t'sais.
Sans doute m'étais-je habituée à ses doutes, ses regrets, ses revirements, aux espoirs distillés sans le vouloir avec la plus grande bonne foi du monde.
T'as trop pris la confiance, haha. (Elle ne dit pas ça, elle répète cinq fois Je suis amoureuse d'elle, il faut qu'on s'éloigne).


Je ne peux pas m'empêcher d'admirer avec quel brio elle me coupe l'herbe sous le pied. Je n'ai même pas eu le temps de rédiger mon plan d'attaque (j'envisageais des choses franchement peu glorieuses: prendre 5kg de muscles et de poitrine, vider mon compte bancaire pour l'achat de robes qui font femme (ahem), regarder attentivement des vidéos youtube pour apprendre à me maquiller et sembler jolie, lire les fiches wikipédia de tous les auteurs du XIXe, payer quelqu'un pour écrire un article sur la littérature russe en mon nom, apprendre à me taire pour ne plus paraître idiote ET pour avoir l'air mystérieuse, etc.).
Comme ça, comme ça. Comme dans la chanson dont nous bassinait mon père avec un rire gras Je ne t'aime plus mon amour. On enlève mon amour, on rajoute Toujours. Je ne t'aime toujours plus, ça ferait un titre sympa à suggérer à Anna Gavalda.
Comme dans l'autre chanson aussi, Elle a jeté ça hier / Entre le fromage et le dessert. Remix personnel, j'insère d'autres paroles pour un dialogue imaginaire:
- Tes pas ne laissent plus de traces / A côté des miens
- La petite fleur qui va naître / Vous racontera mon chagrin

Je jette mon cours de Contentieux du travail à travers la pièce. Il vaut mieux ne pas être difficile quand on envisage un métier qui fait une place centrale aux conflits. J'ai un rendez-vous entre deux partiels, où je pourrai encore tenter de démêler une hypothétique angoisse scolaire, alors qu'en fait je suis juste une fille qui trouve le moyen de se faire quitter avant chaque session d'examens.
Certains soirs, quand ma petite soeur pleurait parce qu'elle ne parvenait pas à apprendre une poésie, mon père - qui ne connaît ni la douceur ni la pédagogie- lui hurlait "le travail c'est facile, il suffit de s'y mettre". Je me demande si quelqu'un a pensé à le détromper auprès d'elle depuis.
Je demande pardon à mon moi futur, qui ne comprendra pas que je sois incapable de prendre sur moi. Pardon à mon moi passé, qui avait si gentiment préparé le terrain en misant tout sur mon profil académique, ça partait vraiment bien. Elle dit pardon aussi. Pardon chaton. L'ambiance semble si propice aux excuses que j'en profite pour demander pardon au chat. Désolée pour les croquettes, je sais bien que Delphine Seyrig faisait de la poule au pot à ses félins (Olivia et Révolution), mais je suis trop occupée à inonder l'oreiller de douleur humide.


Je n'ai pas le courage pour la cuisine. Je mange des ferrero rochers dégueulasses aux larmes. Dip façon Kechiche.
Le téléphone vibre, ce n'est pas elle qui dit "Poisson de Décembre!" (j'aurais pu m'en douter, elle m'avait déjà fait son poisson mensuel quelques jours avant, ces jours durant lesquels ça faisait des frissons quand on se frôlait). C'est la divinité des surprises qui m'envoie son petit e-mail moqueur.
"Ça fait longtemps et tu ne réponds jamais à mes messages, mais ça te dirait de passer le nouvel an ensemble?"
J'efface le message sans y répondre et je lâche un juron contre le hasard du timing qui s'essaie aux tragédies bourgeoises, alors que je préfère de loin Racine dans le registre des chaînes d'amours impossibles.
C'est maintenant le stade où il ne peut plus y avoir que des bonnes surprises?



J'utilise encore beaucoup trop ce blog comme un journal intime. Pour me faire pardonner des textes décousus, impudiques et répétitifs, je vous mets un tutorial. Un truc de vraie bloggeuse.
Grâce à Kolibri j'ai dû m'essayer au bricolage (avec les ustensiles honnis depuis l'époque où mon rêve était d'épouser un britannique aux yeux clairs: ciseaux, papier, colle). Ce fut laborieux mais extrêmement réjouissant. J'ai passé de longues heures concentrée et totalement détendue à dessiner, peindre, coller. Je n'ai toujours pas testé le dvd de yoga (avec une coach québécoise!) laissé par R., mais je suis certaine que les origami et aquarelles sont aussi efficaces qu'une relaxation.

Ces activités ont mis en évidence mon absence totale de modestie, et un côté maniaque perfectionniste enfoui jusque là (la fille aux collants en a fait les frais, quand j'ai insisté trois fois sur le fait qu'il fallait mettre moins de colle, Sinon ça déborde enfin!), j'en partage donc un aperçu ici.



TUTO POUR UNE GUIRLANDE LUMINEUSE MAISON POUR LES GENS QUI N'ONT PAS UN CHAT ABRUTI QUI MANGE LES FILS ET LES OBJETS DECORATIFS QUI PENDENT


Matériel nécessaire:
- une guirlande lumineuse électrique. La mienne avait 20 loupiotes, ce qui implique logiquement de faire 20 mini-abat-jours.
- 20 gobelets en plastique à café (mais taille normale c'est très bien aussi).
- 5 feuilles d'un joli papier (avec un format A4, on obtient 4 mini-abat-jours par feuille)
- Un papier un peu plus épais et résistant pour faire le patron (ici la couverture d'un catalogue La Redoute qui aura eu son heure de gloire avant de rejoindre la poubelle)
- Des ciseaux (si vous avez des ciseaux d'adulte ça marche aussi)
- un crayon
- de la bonne colle facile à appliquer  (pas comme la mienne donc)
- une règle
- un cutter

image


Etape 1: Le patron
C'est l'étape la plus compliquée. J'ai beau avoir réussi un bac scientifique spécialité maths dans un lointain passé, je n'ai aucune idée de la méthode savante qui permet de faire ça bien.
J'ai tâtonné en mesurant le diamètre aux deux extrémités du gobelet. Puis Google m'a indiqué que le périmètre d'un cercle s'obtient en multipliant ledit diamètre à π (j'ai été modeste, j'ai arrondi à 3,14).
J'ai reporté les deux longueurs obtenues sur ma feuille rigide, en tenant compte de la hauteur approximative du gobelet. Ensuite j'ai fait des lignes incurvées entre ces longueurs pour obtenir le patron qu'on voit sur la photo.
Puis, il faut tester directement sur le gobelet et rectifier le patron au fur et à mesure.
(Je ne peux pas vraiment donner d'indication plus précise, mais si j'y suis arrivée, tout le monde en est capable).

Etape 2: Découpage

Avec le manifique patron obtenu, on trace la même forme 20 fois sur les jolies feuilles de papier. Si possible, on évite d'appuyer trop fort sur le crayon de bois au moment de reproduire la forme du patron (ça permet d'éviter les frustrations diplomatiques dans le cas où vous vous faites aider par une fille-aux-collants et qu'elle colle le papier en laissant les traits de crayon apparents).
On découpe les formes 20 fois, en sortant la langue et en fronçant les sourcils.

Etape 3: Les gobelets

A l'aide du cutter, on fait une petite croix au fond de chaque gobelet.

Etape 3: Collage

J'ai fait deux traits de colle à chaque fois: un sur le gobelet et un à l'extrémité de chaque bande de papier. Il faut placer le papier rapidement et appuyer légèrement pour que ça adhère bien. Si besoin, on rectifie la longueur du papier avec les ciseaux.

 

image2(1)

Etape 4: Séchage & montage

On s'émerveille un peu devant ses créations, puis on les place à côté du chauffage (pas à fond, je n'y connais rien mais je m'imagine que ça pourrait faire gondoler le papier) pour accélérer le processus.
A cette étape, il est parfaitement concevable de prendre un bonbon rhubarbe-custard sans risquer de s'étouffer avec.
Au bout de 5 minutes, on peut monter la guirlande et pousser des cris de joie.

 

image3

 

Publicité
Publicité
Commentaires
G
ça n'a rien à voir avec les guirlandes, les amphores ou n'importe quoi d'autre… mais c'était bien et, ne vous connaissant pas, je pense quand même que ça pourrait vous plaire. <br /> <br /> http://www.franceculture.fr/emission-fictions-le-feuilleton-au-pays-de-jane-bowles-15-2014-10-27
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité