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La vie rousse
15 décembre 2014

The winds must come from somewhere when they blow

Pour mesurer le temps qui me sépare de la fin de mes études, je ne compte pas les années (une et demi environ), mais le nombre de sessions d'examens.
Une très décisive.
Deux moyennement décisives.
Une ou deux assez insignifiantes.


Comme j'ai aussi cette drôle d'envie de devenir avocate, il faut également ajouter:
Une très très décisive (et potentiellement les oraux, mon dieu mon dieu): l'examen du barreau.
Une qui, parait-il, est une formalité (mais je me méfie des formalités qui ne demandent "que" de la discipline): le CAPA.


Le soir, en essayant pour la centième fois de me lancer dans un apprentissage de dernière minute pour l'épreuve du lendemain, je me suis répété Allez, si tu réussis elle sera fière de toi (avant je luttais pour être fière de moi-même, mais ça c'était avant, quand je luttais justement). J'aimerais beaucoup qu'elle me trouve courageuse et pas seulement pleurnicheuse.
Dans la semaine, j'avais eu le résultat de mon autre examen bâclé. La note était très bonne et, comme souvent, pas méritée. En la recevant je me suis sentie rougir de honte et me suis empressée de plier la copie pour la ranger dans mon sac. Je suis tracassée par un sentiment d'imposture, par ma chance et ma capacité à faire, mais beaucoup plus capricieuse à apprendre. En corollaire de ma chance, il y a mon angoisse maladive qui m'empêche d'affronter les oraux de recrachage-par-coeur, où je sais que mon imposture sera dévoilée (mais il me reste un semestre pour y travailler et la vaincre).
J'envie beaucoup les gens qui savent s'extraire du chagrin par le travail, ce sont généralement ces mêmes personnes qui lisent et fichent régulièrement leurs cours. Moi je suis incapable de travailler sans élan de joie ou d'espoir, je ne suis pas régulière, et mon cerveau débile de fille capricieuse préfère ne pas faire un devoir que de rendre quelque chose de moyen.

Je me suis chaotiquement accrochée. L'envie vertigineuse de tout abandonner pour ne plus souffrir de la panique a été chahutée par les espoirs, l'orgueil, et la volonté de retrouver les restes d'une époque où il n'était jamais question de baisser les bras.

Et puis bon, l'épreuve a été terriblement ratée, mais c'est tant pis pour moi.


Pour se remettre d'un examen catastrophique pour un semestre qui - comme se plaît à nous le rappeler sans aucune douceur mon chargé de TD détesté - déterminera un petit peu le reste de notre vie, je conseille fortement de prévoir une soirée à faire des biscuits de Noël.
En revanche, je déconseille d'être trop sûr de soi en assurant à sa co-pâtissière que si si, il y a des emporte-pièces chez Carrefour. Sans quoi on risque fortement de se retrouver à enchaîner la violence de l'amphithéâtre avec un long moment d'errement aux Halles, vraisemblablement le pire endroit du monde où chercher des emporte-pièces un samedi avant Noël.
La fatigue aidant, on pourra décider de ne faire que les étoiles au citron ce soir-là. Si votre glacage est raté et qu'il imbibe les biscuits au lieu de les couvrir d'une jolie pellicule blanche, vous pouvez vous consoler avec la conséquence de ce ratage: le moelleux inattendu et délicieusement citronné des biscuits le lendemain matin.


Pour se remettre d'une nuit un peu éprouvante où on s'entend dire des choses qu'on ne veut pas entendre et où la solitude dans les draps paraît plus aberrante que jamais, il faut une grande tasse de thé.
Cette tasse de thé accompagnera parfaitement la confection des autres fournées de biscuits: les incontournables Zimtsterne et les brünsli de Bâle*.
Le glaçage des Zimtsterne suscitera le besoin de lancer les cd de Noël pour profiter parfaitement de ce moment, loin des chagrins et des angoisses.
Au moment de façonner les brünsli, on pourra s'accorder sur le fait que ce sont les biscuits au goût le plus régressif, de sorte qu'on les distinguera par une forme rectangulaire en délaissant les emporte-pièces-étoiles-pourtant-si-difficilement-obtenus.

L'après-midi, il faudra trouver des personnes pour partager tout ce sucre (à midi il nous sort un peu par les yeux, alors je conseille de les faire doux - les yeux- à sa co-pâtissière, pour qu'elle brouille quelques oeufs restant avec du persil et sel poivre). Les élues à la dégustation seront peut-être les membres d'un club de lecture, qui se réunira alors sur le thème des oeuvres classiques, dans la petite pièce bleue où l'on aura pris soin de faire trôner sa plus belle vaisselle en espérant que ça compense sa non-appartenance officielle audit club. Sous un flot décontenançant mais très réjouissant de citronnade, thé, sodas et jus de tomate, on fera grand honneur aux préparatifs du matin, en relançant pour la énième fois le débat sur la noblesse des oeuvres de Zweig. Il est possible qu'il ne se trouve personne pour défendre la cause de Zola, et que l'on finisse par constater que les souvenirs laissés par Françoise Sagan et Marguerite Duras sont variablement impérissables.
En tout cas, il pourra y avoir aussi des discussions futiles et joyeuses, autour de déguisements de soirée, du goût du lait de soja, et de l'expression "aller en ville" (j'étais heureuse d'entendre que je ne l'avais pas inventée) quand on vit en province.

En secret, on regrettera un peu de ne pas avoir décroché certaines listes un peu trop personnelles des murs de sa chambre, mais on se réjouira beaucoup d'avoir rencontré tant de personnes enjouées et de constater que les grands plats de biscuits sont quasiment vides.

Pour bien finir la journée, on se laissera tenter par un film où joue Mathieu Amalric, mais pas Un Conte de Noël (parce qu'on en garde un très mauvais souvenir après l'avoir vu dans un cinéma de Rouen, où l'on aurait mieux fait de profiter du beau temps). 
Le lendemain il faudrait veiller à ne pas oublier que les cours à la fac ne sont pas finis, mais en fait la perspective d'un atelier bricolage pour une correspondance internationale est bien plus excitante.


image


*Depuis quelques années, la période des fêtes se prête systématiquement à un épluchage de l'index de Beau à la louche (les samedis soirs désorientés aussi). On trouve donc ici les recettes d'étoiles au citron, les Zimtsterne et Brünsli.

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Commentaires
A
C'etait lequel, le film avec Almaric? :) J'ai beaucoup aime La Venus a la Fourrure, d'ailleurs, je ne sais pas ce que tu en penses!<br /> <br /> Sinon ici aussi on est en plein dans les Bredele (enfin ici on dit plutot Christmas Cookies) j'espere pouvoir en montrer quelques uns sur le blog (mais ils disparaissent tellement vite c'est fou!)
K
Une boîte à biscuit de renard! Elle donne envie de faire la route (en bateau, oui,oui) entre Montréal et Paris pour goûter tes petits biscuits au citron et parler de mots avec le sourire. Ou même pour faire du bricolage de cartes à deux... :) <br /> <br /> Et en attendant la fin,<br /> <br /> je t'envoie plein de courage d'ici,<br /> <br /> parce que je sais à quel point c'est long une période d'examen.
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