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La vie rousse
29 août 2014

Et que ne durent que les moments doux

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"J'aurai les clés mardi."
Hop, le compte à rebours. J'ai été surprise quelques secondes, parce qu'il m'arrive encore très souvent d'oublier. 
J'essaie de calculer mentalement le nombre d'allers-retours qu'il faudra pour déménager l'essentiel - pas plus de deux sans doute.
Ma mère me dit de faire un inventaire des choses dont R. aura besoin et qu'elle pourrait avoir en double. On s'arrangera pour ramener ça sur Paris. Ça me console un peu de ne pas être la seule à la considérer encore comme un membre de la famille.
Sans doute que tout va s'arrêter et c'est une bonne chose. Les pleurs, les questions, les reproches, les mouvements de son corps qui trahissent le rejet avant les mots, les insomnies, le coeur battant, les questions encore, le ventre tordu et les boîtes de mouchoirs vidées trop vite.
Mais les rires aussi, les blagues idiotes, la cuisine à deux (toi tu cisèles les herbes, je fais le reste), les câlins à trois, les petites folies, mes improvisations musicales (je rappe régulièrement sur des sujets inspirants comme la perte de chaussettes) et nos danses de la joie n'importe comment. Fini aussi les "ya du courrier?" du matin, qui précédaient les complots contre la concierge, évidemment seule fautive de l'absence de cartes postales et colis quotidiens devant notre porte d'entrée.

J'essaie de me préparer au silence, celui du soir, que ni la musique ni les films n'arrivent à couvrir.
J'espère trouver des idées pour ne pas fuir l'appartement, pour m'y sentir bien malgré le vide. Je ne sais pas encore trop comment faire pour que chez moi ne ressemble pas à chez nous.

image(7)

Hier soir, le hasard a estimé que 5€ le coca, ce n'était pas suffisamment douloureux. (J'ai eu un fou rire)



J'ai été voir Les Combattants avec M. au Louxor. La dernière fois que j'y suis allée c'était pour La Vie d'Adèle. Je me suis dit que, quitte à en faire mon cinéma des films où la jeunesse est sublime, c'est là que j'irai voir Bande de Filles.
Les Combattants c'est très frais, drôle et beau. Le scénario laisse un peu sur sa faim mais le rythme est si plein d'énergie, et la musique si entraînante, que je me suis laissée happer. T. Cailley jongle avec les genres tout en fluidité et on admire sa maîtrise. Bien sûr, on (re)tombe amoureux d'Adèle Haenel.
J'étais aussi contente d'y voir (brièvement) Brigitte Roüan qui me rappelle mon adolescence, quand je regardais Vénus et Apollon sur Arte (j'ai découvert récemment qu'Emmanuelle Riva y avait tenu un rôle et je me demande bien lequel).

louxor



Quand A. m'a écrit de lui faire signe si quelque chose me tentait au théâtre pour la saison à venir, je n'ai pas su quoi répondre.
Je suis bien partie pour une boulimie culturelle, comme en témoignent les nombreux "ouverture des réservations pour..." disséminés dans mon agenda.
Mardi j'irai prendre mon pass annuel Opéra-Comédie française et celui pour les Trois Baudets.
Ensuite ce sera l'Odéon. Puis je vais me perdre dans l'océan de pièces et de metteurs en scène que je ne connais pas et on verra si j'ai de la chance.
Je m'accorde la satisfaction de mes monomanies: il n'y aura pas une année sans Noureev ni sans J. Pommerat. Peut-être que le point commun de leurs oeuvres - à part que tout le monde veut les voir et qu'elles vont encore me ruiner- c'est ce sens magistral du spectacle. Le spectacle comme expérience physique et poétique, qui secoue les sens et ne laisse pas le corps indemne.
Je pourrais revoir chaque année sans m'en lasser, la beauté des tourments nocturnes dans Roméo et Juliette et du final d'Onéguine (celui de Cranko). Sans doute que je pleurerai toujours en écoutant la reprise bouleversante de Cat Stevens dans Cendrillon.
Je regrette de ne pas y connaître grand chose et de devoir m'en remettre totalement au hasard pour le reste. Au pire, je ferai semblant d'être très très spirituelle en critiquant les pièces qui m'auront déçue.


Pour clore la journée, je vous mets un poème de Gaston Miron recopié d'un recueil emprunté à la bibliothèque, dans lequel un précédent usager à fait des petits traits au crayon.

Ma désolée sereine

Ma désolée sereine
ma barricadée lointaine
ma poésie les yeux brûlés
tous les matins tu te lèves à cinq heures et demie
dans ma ville et les autres
avec nous par la main d'exister
tu es la reconnue de notre lancinance
ma méconnue à la cime
tu nous coules d'un monde à l'autre
toi aussi tu es une amante avec des bras
non n'aie pas peur petite avec nous
nous te protégeons dans nos puretés fangeuses
avec nos corps revendiqués beaux
et t'aime Olivier
l'ami des jours qu'il nous faut espérer
et même après le temps de l'amer
quand tout ne sera que mémento à la lisière des ciels
tu renaîtras toi petite
parmi les cendres
le long des gares nouvelles
dans notre petit destin
ma poésie le coeur heurté
ma poésie de cailloux chahutés

 

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