Et des voiliers dans ma maison, chante Valérie Lemercier.

J'ai tenu ma promesse - elle n'était pas très difficile à tenir- et suis allée petit-déjeuner chez Bob's Bake Shop à côté de la bibliothèque.
J'y ai emmené R. parce que je n'ai pas encore perdu l'habitude de partager ce genre de choses avec elle.
L'endroit était à la hauteur de mes attentes, l'odeur qui flottait m'était doucement familière, et la pluie en trombes dehors rendait le dedans particulièrement chaleureux.
J'aime découvrir de nouvelles adresses. Dans celles que je connais déjà, j'ai une tendance monomaniaque à commander toujours la même chose.
J'ai eu envie de goûter le chia pudding au coulis d'açaï et noix. R. n'a pas su résister aux bagels qu'un cuisinier modelait devant nos yeux, elle a choisi le sien aux légumes marinés et feta. Tout était délicieux et j'ai pris la résolution de prévoir un budget hebdomadaire pour y venir régulièrement, réviser mes cours par exemple (pour une aussi bonne cause c'est légitime) (en plus ils font des cookies au matcha et je n'ai pas encore goûté leur granola).

Le dimanche après-midi, je me suis mise en tête de m'occuper de mon alimentation.
Un peu parce que le départ de R. va mettre à rude épreuve mon confort gustatif et que je sais que, détestant cuisiner, j'ai tendance à multiplier les plats de dep' (dep' pour déprime dans ce contexte) quand je suis seule; mais surtout parce que c'est un moyen extrêmement efficace pour m'occuper l'esprit (mon humeur étant intimement liée à mon estomac, j'espérais aussi y retrouver un peu d'entrain).
Je me suis retrouvée à vouloir éliminer pêle-mêle le lactose, le gluten et la viande de ma cuisine. Me connaissant, j'ai dû admettre que c'était assez incompatible avec mon espoir de gagner quelques kg avant la première session de partiels. Pour l'instant je m'en tiens donc à limiter ces ingrédients, pour aboutir à une alimentation ni ostensiblement plus saine, ni plus éthique. Je mise tout sur l'effet psychologique, velléité oblige. 

La consistance du chia de chez Bob m'a rappelé le tapioca au lait de Loukoum. Ça m'a donné envie de remplacer mes biscottes beurrées du petit-déjeuner (que j'aime autant pour leur goût que parce qu'elles me font penser à J.-P Léaud chaque matin) par une version j'aime-dépenser-ma-bourse-étudiante-au-magasin-bio du riz au lait.
L'avantage des graines de chia c'est qu'elles prennent à froid et qu'on peut les préparer à l'avance. L'inconvénient c'est qu'elles viennent du Mexique donc c'est anti-locavore, mais ma rupture aura démontré que je n'ai ni beaucoup de dignité, ni beaucoup de principes.

J'aime mon riz au lait (et toutes ses variantes) avec une dose respectable de cannelle. Ça me rappelle les Noëls en Allemagne (à l'époque où je ne savais pas qu'il pouvait y avoir des hivers sans neige), les vraies bougies sur le sapin, et le pot de Zimt-Zucker de ma grand-mère, dans lequel je trempais mes doigts en cachette.

Les personnes qui boivent deux litres d'eau et mangent cinq fruits et légumes par jour, préfèreront parler de porridge et y ajouter des fruits frais sans sucre. Je les admire beaucoup.

* J'ai pris du lait d'avoine, mais n'importe quel lait fait l'affaire. Si la consistance est trop compacte, il suffit d'en rajouter un peu.
(* bis: en vrai je n'ai pas de mug Calvin et Hobbes, mais c'est clairement un de mes fantasmes, au même titre qu'épouser Anne Dorval.)

MARCHE A SUIVRE (l'avantage de mes recettes c'est qu'elles consistent pour la plupart à mélanger des ingrédients dans un récipient et à attendre):
Verser les graines dans un grand bol avec le lait et touiller 2-3 minutes.
Laisser reposer 15 minutes à température ambiante.
Mélanger à nouveau pour que toutes les graines soient bien immergées. Elles vont développer une petite enveloppe transparente qui donne leur texture un peu chewy.
Laisser reposer une ou plusieurs heures au frais, selon l'urgence de votre appétit (un minimum de 2h est toutefois préférable).
Mélanger avec le reste des ingrédients avant de servir.

Mais si, c'est bon!