Revoir la vie en drôle

Je suis tombée sur une page affichant la description de mon blog.
En juin il était donc prévu que les billets présents ici contiennent " des illustrations, de l'actualité et des animaux".
Je crains d'avoir trahi mes ambitions initiales.
Parler de R. neuf phrases sur dix m'aura permis de tenir à peu près ma promesse quant aux animaux, à coups de renards, de poules et, indirectement, grâce à L. Tigrinus qui semble satisfait de passer du rôle de progéniture-projetée à celui d'Ersatz affectif dans ma nouvelle vie de célibataire.
Concernant l'actualité, je crains de ne pas pouvoir honorer l'annonce aguicheuse de ma description. Cet été plein d'égocentrisme m'aura vu remplacer la lecture des journaux par l'écoute d'émissions de radio intemporelles. Une autre fois peut-être.

En attendant de déterminer ce que sera le contenu de mes billets quand j'aurai fini de pleurer sur mon sort, je poste ceci pour être un peu plus en adéquation avec ma description :

Et :

Vendredi en drôle

Vendredi il y a eu un peu d'énergie quand, pour m'obliger à vivre et sortir, j'ai écouté les chansons de Cake. Elles ne sont jamais tristes.
Il y a eu la voix d'Eva Almassy dont l'accent chantonnant guérit beaucoup de maux. J'ai triché un peu en y ajoutant une tablette de Crunch (pardon, pardon les Ourangs-outans...) et un pain pita fait par R. avant son départ (de façon assez symptomatique elle avait cuisiné toute la soirée, répartissant la nourriture en deux portions: l'une pour L'autre et l'autre pour moi).
Vendredi il y a eu un peu de chance quand, arrivée à destination, j'ai été récompensée par le regard complice du bibliothécaire. "J'efface votre amende, on recommence à zéro mademoiselle". Oui parce que, parfois, je mets du temps pour me rappeler que les chouettes livres empruntés, il faut les rapporter. Pas cette année, promis monsieur, cette année je fais attention.
Vendredi il y a eu un peu de sourire quand je me suis juré de venir goûter les pancakes et le granola dans la nouvelle boulangerie-café qui jouxte la bibliothèque. Il y a eu un peu de sourire quand j'ai senti l'odeur qui n'appartient qu'à l'été: la pluie sur le goudron chaud.
Vendredi il y a eu des envies joyeuses quand j'ai atteint la boutique de décorations artisanales en bois, au bout de ma rue (ils vendent aussi des sucettes, mon plaid magique et de chouettes bols). Elle était déjà fermée et j'ai regretté de ne pas être arrivée plus tôt, pour pouvoir engouffrer ma tête dans leur machine-théâtre qui s'illumine et projette des renards dansants sur fond de Caravan Palace quand on appuie sur un bouton rouge.
Vendredi il y a eu un peu de douillet entre mon thé, le chat et l'étrange - mais délicieusement abracadabrant- Fables nautiques de M. Blandin.

Samedi en drôle

Samedi il y a eu un peu de malice, quand ma lecture des Autres Gens m'a menée jusqu'à la bibliothèque du 4e arrondissement. Je me suis figurée que la répartition des tomes dans les différentes bibliothèques de la ville me conduisait à une sorte de jeu de piste plaisant. J'ai aimé l'idée d'un itinéraire de lecture dépendant des emprunts d'autres parisiens Bdphiles, bien plus excitant que le binge-watching de n'importe quelle série.
Samedi il y a eu un peu de malchance amusante pour J. et moi, quand le musée Carnavalet plein à craquer n'acceptait plus de visiteurs et que Comme à Lisbonne était fermé pour congé estival.
Il y a eu néanmoins ma gourmandise et mon éternelle solution de secours du hot-dog. La vendeuse avait un accent américain et m'a dit en prenant ma commande "vous, vous êtes une cliente habituée".
Samedi il y a eu du drôle autour d'un verre dans un bar féministo-lesbien suggéré par G. un ami de I.
J'ai essayé de prendre un air compréhensif et intéressé quand il m'a raconté pendant 30 minutes le déroulement de son oral d'agrégation de mathématiques, en me postillonnant dessus.
Malgré the Knife et Britney Spears, j'ai espéré secrètement ne jamais tomber amoureuse d'une fille ou d'un garçon qui voudrait passer ses soirées autour d'une table collante de bière. J'ai fini par m'échapper en même temps que le frère d'A., en zigzaguant entre les couples enlacés (le coeur qui pique un peu).
Une fois dehors nous n'avons pas pu réprimer un énorme soupir de soulagement en respirant l'air frais et ça m'a fait rire.

Comments

[Ann ie]

En fait c'est drole, du coup je suis allée faire un tour sur son blog hier soir (tu m'as fait envie) et je suis tombée sur ca:

http://marine-blandin.blogspot.fr/2013/08/la-renarde.html



Décidemment les renardes sont dans l'air du temps!

[Ann ie]

Oh, est ce que c'est le petit restaurant de hot-dogs de la rue du Roi de Sicile? J'y venais souvent lorsque j'habitais à Bastille, c'était mon petit péché mignon, la choucroute dans le hot dog!

J'aime beaucoup le jeu de piste des Autres Gens, les Fables Nautiques quand à elle ont été dévoré il y a bien longtemps mais tu me donnes envie de m'y replonger! (j'avais particulièrement aimé les petites nageuses aux boudins flotteurs)



ps: les illustrations sont très jolies!