Atmosphère, atmosphère.
Demain je pars à la campagne pour dix jours.
Mon sac contient à peu près autant de livres que de vêtements, j'ai peur de m'ennuyer et d'avoir encore plus de temps pour penser qu'ici.
La dernière fois que je suis partie en vacances en famille (a fortiori en camping) remonte à l'époque où je n'étais pas encore majeure.
Je n'aime ni trop les vacances en famille, ni trop le camping (principalement parce que je n'ai toujours pas trouvé le moyen de lire confortablement en étant dehors, et parce que j'ai peur d'un certain nombre d'insectes - mais pas des abeilles, j'aime les abeilles).
Les derniers départs en vacances étaient toujours pleins d'aventure et de complicité. Nos destinations me réjouissaient à l'avance ou me faisaient rire. Je crois que quand on part en couple c'est forcément toujours assez génial.
Bien sûr, ce départ sans R. qui coïncide avec le moment où mes finances d'étudiante ne peuvent pas m'emmener bien loin, est assez déprimant.
Peut-être qu'il fera beau et que ma peau va enfin cesser de s'obstiner dans les déclinaisons du blanc.
Peut-être qu'il va pleuvoir, qu'on verra les sardines se noyer et que les catastrophes me feront rire.
Peut-être que de partager une tente avec ma soeur et de nous disputer comme nous le faisons toujours, me changera du quotidien peu combattif que je mène ici, à pleurer tout le temps en mangeant des m&m's et en écoutant Recomposed by Max Richter (en pensant à Delerm parce que c'est une commande de la Deutsche Grammophon).
Peut-être qu'un miracle aura lieu, qu'en dix jours j'oublierai R. et que je tomberai amoureuse d'un(e) gardie(nne) de chèvres, parce que là où je vais il y a des chèvres. (En fait je ne suis pas certaine que les chèvres aient besoin d'être gardées, je transpose peut-être mes fantasmes de poésie pastorale un peu trop hâtivement.)
J'ai hâte de la rentrée, de m'occuper à nouveau et d'être prise par le rythme démentiel des cours.
J'ai hâte du moment où la vie sans R. cessera de me paraître infiniment moins agréable qu'avec elle.
J'ai hâte de remplir ma coquille et de trouver à nouveau que le temps passe trop vite.